L'histoire des terres de Neetud Maha

« ALEA JACTA EST !! »

Les lèvres du puissant mage s’arrêtèrent soudain de frémir, jointes comme l’épée et le bouclier d’un soldat. Ses yeux devirent rouge sang, ses pupilles se dilatèrent, il inspira profondément puis fit claquer violement son illustre grimoire. Un livre plein de savoir, ayant accumulé durant plusieurs siècles, des centaines de formules.

La terre trembla.

La mage fut pris de légères convulsions, qui cessèrent aussi soudainement qu’elles apparurent. Puis, il rie, devint hystérique, frappa des pieds, se frappa le torse jusqu’à se blesser. De nombreuses contusions marquaient son corps déjà maigre. Il jubilait de joie, après tant d'années de travail, il arrivait à son aboutissement.

« J’ai réussi. »

Il se calma, et la terre trembla de nouveau.



Il se jeta à sa fenêtre, le ciel n’avait pas de couleur, la terre était noire, les arbres mouraient à une allure irréelle. L’exaltation du sorcier en tomba d’autant plus haut, qu’il s’attendait à un tout autre résultat. Ses yeux s’écarquillèrent, il renifla de tristesse. Avait-il échoué ? Il grinça des dents, où avait-il bien pu se tromper ? Il avait appliqué les formules de ce foutu bouquin à la lettre, il s’était entraîné pendant dix longues années, et tout ça pour rien ? Non, ce n’était pas possible, pas pour lui !

À l’extérieur, le monde était plongé dans le Chaos total, les reines des cieux elles-mêmes en subissaient les conséquences, elles clignotaient et certaines s’éteignaient à tout jamais, d’autres s’allumaient, mais pour une durée indéterminée. Il pleuvait, il faisait chaud, mais un vent glaciaire gelait le sol chaud, l’air était sec.
Des plantes s’élevaient vers le Soleil, qui tournait autour de la terre, comme si la Terre, elle-même, était une toupie, puis elles se fanaient pour tomber en cendres. Tous les illustres astres que le monde offrait explosaient, laissant paraître sur Terre des déflagrations gigantesques. Les flammes se rejoignaient pour former de nouvelles planètes par l'accrétion des débris.

Que se passait-il ? Était-ce la fin du monde ?

Puis tout s’arrêta. Plus un bruit. Le temps était figé. La vieille horloge de l’érudit pourtant s’affolait. Ses aiguilles se poursuivaient comme chiens et chats, et la course ne s’arrêtait pas.

La terre trembla pour la troisième fois.

L’heure s’arrêta.




Dehors, une étrange créature de fer se posa sur le sol, maintenant fertile. Elle ouvrit sa gueule, dans un bruit de ferraille strident, une fumée ardente s’échappa, simultanément à une vive lumière rouge. Une forte respiration se fit entendre, elle était marquée et parfaitement audible, pour le mage. Un homme vêtu de noir et équipé d’un casque tout aussi sombre fit son apparition, triomphante.

« Commander, où sommes nous ? »

L’homme maléfique, au cœur bon avait parlé.

« Aucune idée Mon Seigneur, nos appareils ne fonctionnent plus, certainement une faille temporelle. »

Le mage réalisa l'ampleur du désastre, son esprit lui cria : « Eureka, nous avons détruit la plus grande entité de ce monde, le temps ».

En ce même moment, sa maison se mit à vibrer, des sons presque inaudibles sortaient des murs de pierres froides, comme si la demeure se plaignait.

« Qu’ai-je fait ? J’aurais donc détruit toutes les lois qui définissent notre monde ? Mais qu’est-ce qui va bien pouvoir le définir maintenant ? »

Le désespoir du magicien était grand, et sa peine en était à son paroxysme…

Un homme entra chez lui comme ci de rien n’était, pour lui demander où se situaient les toilettes. Mais le sorcier n’en était pas à ses plus grosses surprises…

Sur la table de sa labeur quotidienne apparut un beau grimoire, les pages du livre se mirent à s’envoler avec grâce, comme des hirondelles, et des créatures se matérialisaient en sortant des feuilles jaunies, ce qui était écrit entrait dans la réalité...

Ainsi, vampire, loup-garou, troll, et autres aberrations, sortant tout droit de l’imagination humaine devinrent bel et bien réels.


C’est ainsi que la Terre se peupla d’époques, de races et d’espaces totalement inimaginables. La diversité en l’espace d’un jour se quintupla, mais une guerre suprême allait s’annoncer dans cette anarchie sans lois, et seul les plus fort pourraient subsister comme le disait si bien un certain Darwin. Qui d’ailleurs, en sortant des toilettes, demanda s’il y avait un hôtel dans le coin…


Et comme l'avait si bien prédit ce bonhomme (qui mourra dévoré par un T-rex), seuls ceux qui surent s'adapter purent survivre. Ainsi, après le chaos et l'anarchie la plus totale, l'ordre reprit ses droits, notamment grâce aux alliances. Toutefois, un conflit s'annonçait...